jeudi 27 septembre 2012

Pourquoi l'aristocratie élective ?

Afin d'oublier les kilos de blanche nasale de Jean-Luc Delarue que j'ai financé bien malgré moi, hier je profitais allègrement de ma contribution à l'audiovisuel public en regardant l'émission de Frédéric Taddeï : "Ce Soir Ou Jamais".

Il s'agit là de l'un des derniers programmes que je regarde parmi les rares que j'écoute encore : France Inter me consternant énormément, France Culture étant en passe de le faire, il ne me reste que France Musique, dernier espace de résistance de l'audiovisuel public où la connivence journalistique ne peut disputer le précieux temps d'antenne à la réclame agressive.

Je paie donc une redevance pour me réveiller avec La suite Algérienne de Camille Saint Saëns à 7h23 ! Finalement 123 euros pour se la raconter dans un billet et éviter une publicité de Carglass qui vous collera son slogan débile dans la tête dès le lever au réveil, c'est une bonne affaire !
Merci l'audiovisuel public !


Bref, je regardais donc "Ce Soir Ou Jamais", une émission qu'elle est bien parce qu'on y invite encore les trublions adorés des internautes passionnés et maudits par les grands medias qui détiennent la vérité et la modération (dans son double usage) : de Frédéric Lordon à Michel Collon en passant par Emmanuel Todd, Marc-Edouard Nabe ou Daniel Schneidermann.
On y voit même parfois des êtres pestiférés tels qu'Alain Soral, Mathieu Kassovitz ou Thierry Meyssan ! Mais ce qui fait plaisir c'est que l'on y voit peu les disp-censeurs de bonnes paroles qui font, possèdent et squattent littéralement tous nos medias : Christophe Barbier, FOG, Laurent Joffrin, Dominique Reynié, j'en passe ... les détenteurs de la "sémantique du bien" comme je prends plaisir à les appeler pour tous les mettre dans le même sac qui ne suffit malheureusement pas à étouffer leur suffisance idéologique bien lisse et polie.
Enfin surtout le taulier de l'émission convie des personnalités qui n'ont pas de promotions à réaliser ! J'en entends déjà s'indigner : "Mais alors pourquoi leur donner ce temps d'antenne si précieux que c'est nous qu'on paie s'ils ont rien à vendre ?"
Et si finalement la fin de la publicité sur le service public c'était tout simplement de généraliser ce genre d'émissions ?

Bref dans la dernière de "Ce Soir Ou Jamais", consacrée à l'éducation, un intervenant affirmait que lorsqu'un enfant nous demandait systématiquement "pourquoi ?" à chaque réponse qu'on lui apportait, en général, au troisième "pourquoi", on ne savait que répondre.
Le troisième "pourquoi", quelque que soit le domaine d'études dans lequel on était spécialisé, nous était fatal : la réponse nous échappait en général. Parfois même dès le deuxième "pourquoi ?" on peut être mis en difficulté. Exemple :

- "Bois ton lait mon chéri !"
- "Pourquoi ?"
- "Parce que c'est plein de calcium !"
- "Oui mais pourquoi ?"
Et là,du haut de son innocence, le gamin, vous a bien feinté, avouez-le !

Ceci dit cette théorie peut, dans un absolu assez violent pour l'intellect, être radicalisée en vous mettant en panique dès le premier "pourquoi ?". Exemple :
- "Pourquoi Mickaël Vendetta ?"
- "..."
Bing !
Certes il s'agit là d'un cas ... extrême !


Mais loin d'être anecdotique ce bref extrait de l'audiovisuel public m'a ouvert les yeux. Et si l'éveil du citoyen à la compréhension de son environnement fait partie des missions du service public, alors Frédéric Taddeï a des états de service irréprochables !


Car à présent conscient de cette difficulté imposé par le "Pourquoi ?", je commence à mieux comprendre les choses et le monde qui m'entoure !

En effet, il y a plusieurs mois, alors que notre Assemblée, oserais-je dire Nationale, votait le Mécanisme Européen de Stabilité, ma députée s'est abstenue comme une majorité de ses confrères socialistes. C'est alors que du haut de mon innocence encore souillée de mon ignorance je lui ai demandé "pourquoi ?"
Et là, telle cette question existentielle sur le "Pourquoi Mickaël Vendetta ?", que même un Joseph Smith hippie sous acide ne saurait expliquer, je n'eus pour réponse que le silence.
Le "pourquoi ?" avait encore frappé !





Ô j'ai bien essayé de persévérer en me rendant à une permanence de ma députée ou lors de l'une de ses réunions publiques de campagne. Mais dans un cas comme dans l'autre il est des réalités qui font que le simple citoyen peut difficilement et en toute liberté poser certaines questions à l'un de ses représentants élus. Je dois être parano, mais parfois je préfère l'être quelque peu.


Ma députée ayant été réélue, et j'en suis sincèrement bien heureux, elle va à nouveau être sollicitée pour se prononcer, cette fois sur le Traité européen de Stabilité, de Coordination et de Gouvernance (TSCG).
Depuis que l'on nous a donné l’habitude en 2005 d'avoir notre mot à dire après avoir lu un document imbuvable, j'ai gardé la mauvaise manie, même si notre choix in fine ne compte pas, de donner mon avis.
Et concernant le TSCG, ce dernier est sans appel : je n'en veux point !
Curieux de savoir si la représentante de la nation de ma circonscription a le même avis que moi, je lui ai adressé à nouveau un petit écrit en lui demandant comment elle se positionne sur ce fameux traité et surtout : "pourquoi ?"

Si pour toute réponse je n'ai encore une fois que le silence, cette fois c'est certain, je milite avec Aristote pour la mise à mort de l'élection et pour établir une véritable démocratie par le tirage au sort !
Cela s'appelle la stochocratie, c'est loin d'être idiot quand on est réellement démocrate, c'est du coup très subversif et ça doit rapporter un paquet de points sur un "mot compte triple" au Scrabble !

Mais ce qui est certain dans notre "démocratie" représentative, c'est que l'aristocratie, justement parce qu'elle est élue, nous doit des comptes. Et c'est bien parce que l'on élit les meilleurs qu'ils doivent être capables de répondre à nos "pourquoi ?" existentiels !
Madame la députée, toute aristocrate que vous êtes (puisque jusqu'à preuve du contraire nous avons élu celle que nous pensions être la meilleure et le Peuple ne se trompe bien évidemment jamais), vous me devez une réponse ... que malheureusement je ne suis pas en capacité de vous exiger en tant que simple citoyen soumis à des réalités peu démocratiques.

Bon et si je vous dis "s'il vous plaît" ?





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